La truelle

Fabrice Melquiot

Et si nous partions dans le sud de l’Italie : on prendrait une Vespa, on roulerait dans nos mémoires individuelles et collectives, comme dans nos fantasmes de toute puissance, pour témoigner de l’histoire de la Mafia, une des réalités majeures des sociétés d’aujourd’hui.

Dans le village natal de sa mère, en Calabre, Fabrice Melquiot a passé tous les étés de son enfance et de son adolescence. Dans l’imaginaire de sa jeunesse, la Mafia était pour lui « une étoile noire qu’il observait avec un mélange d’attirance et d’effroi. Elle grondait de façon chronique. Soudain, elle sautait au visage. » Avec Francois Nadin seul en scène, il réactive aujourd’hui son envie « d’examiner l’amplitude shakespearienne du monde du crime organisé, la dimension kafkaïenne de certains de ses usages dictés par la cupidité, la frustration, la misère intellectuelle et la sauvagerie ; on vole, on extorque, on exploite, on détourne, on humilie, on assassine et on se convainc que Dieu pardonne tout. »

Cosa Nostra. Notre chose. Notre affaire. Ce qui est à nous. Ce que nous sommes. En quoi le regard qu’on pose sur la Mafia nous renseigne-t-il sur notre espèce ? Sur nos attentes ? Qu’est-ce qui serait propre à l’homme ? Et si c’était la convoitise, la soif de pouvoir, la fièvre de l’argent, le goût de la vengeance ? Tous monarques et démunis, rois précaires sur des trônes invisibles.